L’autre jour, je travaillais avec une coachée, que je suis en accompagnement depuis deux mois, et on brainstormait sur la psychologie de ses personnages de roman. On discutait de leurs caractéristiques psychologiques, de leurs traits de personnalité et de leurs motivations. On se demandait comment rendre ces personnages réalistes et plausibles, sans forcément tomber dans les stéréotypes.
Sur le moment, j’ai proposé plusieurs pistes de réflexion à ma coachée et par la suite, une fois notre séance de coaching terminée, j’ai fait une petite recherche sur le Web afin de lui envoyer un complément d’information. Cela dit, j’ai trouvé plusieurs liens intéressants (sources ci-après) qui parlaient de comment créer un personnage de roman, mais la plupart d’entre eux s’en tenaient aux caractéristiques physiques, familiales, professionnelles des personnages. Et quand les caractéristiques psychologiques et sociologiques étaient abordées, celles-ci étaient discutées en surface, selon moi.
J’ai donc eu envie de rajouter mon grain de sel là-dedans et de m’inspirer, très humblement, de ce que je sais sur l’humain, ses comportements, ses sources de motivation, ses valeurs, car je pense que la psychologie humaine sous toutes ses facettes et dans toute sa complexité peut venir nourrir la psychologie de vos personnages.
« Un personnage de roman, c’est n’importe qui dans la rue, mais qui va au bout de lui-même. »
Georges Simenon
Vous trouverez donc dans cet article quelques pistes de réflexion et des questions qui vous permettront de creuser un peu plus la psychologie de vos personnages afin de les rendre le plus plausibles et réalistes possible.
1. Quelles sont leurs valeurs (et contre-valeurs) fondamentales ?
En tant qu’êtres humains, la plupart de nos actions sont motivées par nos valeurs profondes. Selon Isabelle Nazare-Aga, une valeur « est une référence déterminante pour la conduite d’une vie, d’un projet ou d’une organisation. Elle influence donc toute décision » (ex. harmonie, réalisation de soi, justice, bien-être, famille, etc.). Tandis qu’une contre-valeur « vous pousse à agir non pas par motivation positive, mais par rejet viscéral d’un sentiment. » Autrement dit, une contre-valeur « décrit un état émotionnel (par exemple, la colère) ou une situation (par exemple, la solitude) que l’on ne peut pas supporter. » (NAZARE-AGA, Isabelle, Je suis comme je suis : connaissez-vous vraiment vos valeurs personnelles ?, L’HOMME, 2008, p.21 et p.33).
Afin d’explorer un peu plus la psychologie de vos personnages, je vous conseille donc de vous questionner un peu plus sur leurs valeurs. En effet, celles-ci pourront justifier leurs actions et vous aideront à vérifier si celles-ci sont cohérentes ou non. Par exemple, si votre personnage principal a un trait anxieux, il se peut qu’il ait besoin de temps avant de passer à l’action, car sa valeur profonde est peut-être la « sérénité » (ou la « sécurité ») et que sa contre-valeur est le « stress ».
Exercice à faire :
- Listez au minimum 4 valeurs et 4 contre-valeurs par personnage.
(Et pour aller plus loin, vous pouvez même noter quelques comportements qui décrivent ces valeurs chez vos personnages.)
Si vous avez besoin de listes des (contre-)valeurs, vous pouvez vous référer à celles d’Isabelle Nazare-Aga :
2. Où se situent vos personnages sur la pyramide de Maslow ?
La pyramide des besoins, dite « pyramide de Maslow » ou « théorie de la motivation », est une représentation pyramidale de la hiérarchie des besoins, développée par le psychologue Abraham Maslow au XXe siècle. En effet, « recherchant ce qui se cache derrière ces motivations, [le psychologue] a mis au jour cinq (groupes de) besoins fondamentaux : les besoins physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins d’appartenance et d’amour, les besoins d’estime et le besoin d’accomplissement de soi. »
Selon Maslow, afin d’atteindre le bonheur, il faut satisfaire ces 5 besoins fondamentaux. Cependant, ceux-ci ne peuvent être comblés que dans un ordre précis (soit, de bas en haut, sur l’image). Si un être humain manque de nourriture (niveau 1 — besoins physiologiques) ou n’a pas de quoi se loger (niveau 2 — besoin de sécurité), il sera incapable de passer aux niveaux supérieurs. Il en sera de même pour vos personnages. Certains se retrouveront bloqués au bas de la liste, d’autres mettront en place des actions pour se réaliser et atteindre le niveau 5 (accomplissement de soi). Je vous invite donc à faire le tour de la question pour chacun.e d’eux.elles.
Exercice (à répéter avec vos divers personnages) :
- Où se situe mon personnage sur la pyramide ?
- Quel besoin cherche-t-il à combler par la plupart de ses actions ? (Rappelez-vous, derrière chaque comportement se trouve une motivation, un besoin inassouvi).
3. Quel est leur grand pourquoi (leur « why ») ?
Et si vous vous inspiriez de Simon Sinek pour découvrir la grande mission de vie de vos personnages ? Autrement dit, quel est leur but dans la vie ?
Vous saurez ainsi ce qui est le plus important pour vos personnages et ce qui les guidera tout au long de votre histoire, voire après.
Exercice :
- Citez en une phrase la mission de vie de chacun de vos personnages. Afin de la connaitre, imaginez que vous leur posez la question suivante :
Vous : « Qu’est-ce qui est important pour toi ? »
Ex. Lui/elle/iel/ielle : « Ce qui est important pour moi c’est que ma fille ne vive pas le même traumatisme que moi à mon âge. »
Vous : « En quoi est-ce important pour vous que votre fille ne vive pas le même traumatisme que moi à mon âge. »
Ex. lui/elle/iel/ielle : « Je ne veux pas qu’elle souffre comme moi »
Vous : « En quoi est-ce important pour vous que votre fille ne souffre pas ? »
- Et ainsi de suite, pendant 7 fois. Plus vous irez loin dans l’exercice, plus précise et forte sera la motivation de votre personnage.
4. Quels sont leurs types de personnalité ?
Enfin, une autre façon de bonifier les traits de personnalité de vos personnages est de s’inspirer des 16 types de personnalités et/ou des 9 types d’Ennéagrammes, afin de réfléchir entre autres sur son caractère introverti ou extraverti et sur ses relations avec les autres personnages.
Le premier outil, le test des 16 personnalités, basé sur le Big Five, un modèle descriptif de la personnalité en cinq traits centraux, donne des descriptions précises des forces et faiblesses des 16 personnalités types, ainsi que leurs comportements « habituels » dans des contextes relationnels précis (familial, amical, parental, professionnel). Lire les diverses descriptions des types de personnalité pourra certes, selon moi, vous apporter une meilleure compréhension de la psychologie et du fonctionnement de vos personnages.
Le deuxième, l’Ennéagramme est un modèle de la structure de la personne humaine. Il apporte une vision « très précise de la psyché humaine et permet d’expliquer et/ou de prévoir, avec une fiabilité étonnante, notre attitude face aux diverses circonstances de la vie. » (source : https://www.enneagramme.com/Theorie/9_types.htm)
Le but n’est pas de mettre les individus ni vos personnages dans des « boites », mais plutôt d’en avoir une compréhension globale, fiable et surtout réaliste, car même dans la fiction, je crois que l’auteur.e se doit de brosser un portrait réaliste de ses protagonistes afin de favoriser le processus d’identification du lecteur.trice.
Exercice :
- Identifiez le type de personnalité de chacun.e de vos personnages.
- Trouvez l’Ennéatype de vos personnages et décrivez leurs relations, dynamiques et façons d’interagir.
Voilà mes suggestions et pistes de réflexion pour peaufiner la psychologie de vos personnages de roman! J’espère sincèrement que ce billet de blogue vous aidera. 🙂
Alors, quelle piste allez-vous explorer en premier? N’hésitez pas à me dire un commentaire si le cœur vous en dit.
Bonne rencontre avec vos personnages!
Autres sources utiles sur la création de personnages :