Comment faire une « mind map »? Trucs et astuces pour les auteur.e.s

Je suis colorée, je ressemble à un animal à tentacules, on aime m’habiller de dessins rigolos et j’aide grandement à une organisation efficace. On m’appelle aussi carte heuristique, carte mentale, carte à idées… Qui suis-je ? Une mind map*, bien sûr ! Loin d’être nouvelle mais actuellement en vogue, cette technique a toutes les raisons que l’on se penche dessus. Inventée dans les années 1970 par Tony Buzan, elle est utilisée par les plus grandes entreprises à succès. Outil d’organisation, d’apprentissage optimal, d’optimisation de son temps, de réduction du stress : il existe de nombreux arguments en faveur de l’utilisation des cartes mentales pour gérer les différents aspects de sa vie. Afin de composer cet article, j’ai fait appel à l’aide précieuse de Stanislas Mahieux, vice-champion de France de Mind Mapping 2018 (quand même !). Mais pas de panique, chacun d’entre nous peut faire usage de ce merveilleux outil. On regarde ensemble ce qu’est – concrètement – le mind mapping, comment l’utiliser et pourquoi l’adopter est une excellente idée. C’est parti !

(*un ou une mind map est un anglicisme qui signifie : une carte mentale.)

Mind map ? Une définition simple, please !

Une mind map est un schéma que l’on dessine soi-même afin de structurer une pensée, un projet, des notes de révision, ou autre. Pour reprendre la définition de Stanislas, il s’agit d’une technique qui permet de synthétiser un certain nombre de données sur une seule et même page. Cette méthode peut avoir des objectifs multiples et bien distincts. On peut tout aussi bien l’utiliser pour y voir clair face à une situation qui nous tracasse, pour organiser une soirée ou nos idées pour notre prochain livre, par exemple.

Enfin, cette façon d’agencer les idées ou les concepts s’utilise aussi bien dans la vie personnelle, professionnelle, artistique que scolaire. Pour résumer, on en fait ce qu’on veut et c’est bien toute la beauté de la chose ! Faire une mind map, c’est construire un outil qui nous ressemble selon nos propres objectifs. Non, ce n’est pas plus compliqué que ça, mais il existe bel et bien quelques règles à respecter – que nous verrons plus loin – afin que notre mind map soit efficace.

Les différents types de mind maps

Afin que vous ayez une première idée de ce dont je parle dans cette section, il faut savoir qu’élaborer une mind map, c’est dessiner un schéma qui ressemble à un arbre que l’on verrait d’au-dessus. Le tronc – s’il était visible d’au-dessus – serait le cœur de notre schéma : le sujet central. Les branches qui partent de ce sujet central sont les thèmes liés à ce sujet.

Avant de nous lancer dans la pratique, voyons un peu les 3 principales catégories de mind maps. Gardez en tête que vous pouvez parfaitement créer une carte mentale qui sorte de ces 3 catégories pour vos propres besoins. Le plus important est que celle-ci vous aide à atteindre vos objectifs d’écriture ou autre. Stanislas identifie les 3 grandes familles de mind maps comme suit :

1.     La carte généraliste

Celle-ci permet de répondre aux questions d’investigation sur un sujet précis : Qui, Quoi, Comment, Où, Quand et Pourquoi. Dans ce type de mind map, on place le sujet au centre de la page et les réponses aux questions autour du sujet central.

Celle-ci permet de répondre aux questions d’investigation sur un sujet précis : Qui, Quoi, Comment, Où, Quand et Pourquoi. Dans ce type de mind map, on place le sujet au centre de la page et les réponses aux questions autour du sujet central.

mind map : carte généraliste
Exemple de carte généraliste

2. La carte spécifique

Cette carte permet de mettre à plat les questions auxquelles on aimerait répondre sur un sujet précis. On place le sujet au centre et les questions reliées à ce sujet autour.

Mind map : carte spécifique
Exemple de carte spécifique

3. La carte thématique

C’est la carte la plus fréquemment utilisée. Celle-ci permet de structurer sa pensée ou ses objectifs. Elle fait office d’outil de prise de notes sur un thème que l’on veut élaborer ou mettre au clair pour notre récit ou notre roman. On place le sujet principal au centre (comme pour chaque type de mind map) et les grands thèmes liés à ce sujet autour.

Mind map : carte thématique
Exemple de carte thématique

Comment faire une mind map et en tirer profit pour notre projet d’écriture ? Règles & conseils

Ici, nous vous donnons les étapes à suivre afin d’élaborer une carte mentale thématique, car c’est celle qui est le plus utile au quotidien pour les auteur.e.s. Une fois que vous aurez saisi comment l’élaborer, vous aurez aussi compris comment monter une carte généraliste ou spécifique puisque les étapes sont similaires; seul le but change.

Pour construire une mind map claire et efficace, trois notions ont une grande importance : les mots-clés, les images et les couleurs.

  • Lorsqu’on utilise des mots afin de définir notre sujet principal et nos thèmes, voici une règle importante à retenir : il ne faut utiliser qu’un seul mot par idée. On utilise donc des mots-clés partout dans notre schéma, et non des phrases. Ceci a une importance capitale puisque le but est de pouvoir comprendre le schéma très facilement après l’avoir élaboré pour pouvoir s’y référer autant de fois que nécessaire.
  • Stanislas insiste sur l’importance de l’utilisation d’images ou de dessins. En effet, les images sont bien plus évocatrices pour notre cerveau que le sont les mots. Pour preuve, essayez ce petit exercice : si je vous dis « banane », que voyez-vous ? Il y a beaucoup de chances que l’image d’une banane se soit mise à danser sous vos yeux, plutôt que le simple mot « banane ». Viennent aussi en tête la couleur de la banane, son odeur, son goût, le souvenir d’en avoir mangé une ce matin, peut-être. Voilà pourquoi, lors de la construction d’une mind map, on utilise les images et les dessins autant que possible. Pas de panique ! il n’est aucunement nécessaire de bien savoir dessiner : vous le faites pour vous et vous seul.e ! La mind map ne juge pas vos talents d’illustration.
  • Les couleurs : afin de bien distinguer les différents thèmes et sous-thèmes et d’obtenir un résultat facile à déchiffrer en un coup d’œil, l’utilisation de couleurs est un must. En utilisant une couleur différente pour chaque catégorie, dans vos illustrations ou même pour écrire les mots-clés, vous donnez un super outil de mémorisation à votre cerveau.

Voici les principales étapes d’élaboration d’une carte mentale :

  1. Pour commencer, il faut bien réfléchir au sujet central de votre livre. Prendre le temps de bien identifier ce sujet est important. On peut parfois se rendre compte que le sujet que l’on pensait être le principal n’est en fait qu’une sous-partie d’un thème plus large. Mais faisons simple pour commencer et disons que le sujet qui nous intéresse aujourd’hui est d’organiser notre pique-nique entre amis de ce weekend.
  1. Prendre une feuille blanche de la taille de notre choix. Il convient de noter que plus la feuille est grande, plus elle nous permet d’agrandir notre schéma au fil du développement de nos idées. Une feuille A4 (ou 8,5/11) est très bien, puisqu’elle peut facilement être pliée et se ranger dans une poche, au besoin. Important ! La map doit toujours tenir sur une seule page pour être visible en une seule fois.
  1. Au centre de notre feuille, noter ou dessiner le sujet principal. Nous mettrons donc ici « pique-nique » ou un petit dessin représentant un pique-nique (selon nous) au centre de la feuille. Dans l’idéal, on utilise 3 couleurs pour représenter le sujet principal car le cerveau mémorise bien un ensemble de 3 couleurs. Plus le centre du schéma est mémorable, mieux c’est, précise Stanislas.
  1. Commencer le travail d’arborescence ou de développement des idées reliées au sujet « pique-nique ». Il s’agit d’ajouter les grands thèmes liés à ce sujet principal. Par exemple, voici les thèmes que l’on pourrait y rattacher : « nourriture », « boissons » et « organisation ». Disons que ces 3 thèmes sont ceux auxquels je veux réfléchir pour le pique-nique de samedi.

Enfin, pour chaque thème, ajouter des sous-thèmes. Il est important d’accepter ce qui nous vient spontanément à l’esprit et de ne pas se censurer. Rappelons-nous que l’idée est vraiment de clarifier un sujet. Je peux donc, par exemple, ajouter de nouvelles branches reliées à « nourriture » qui s’appelleront « entrées », « fruits », « fromages », par exemple, ou seront des dessins représentant une entrée, un fruit, un fromage, ou autre. Je continue l’arborescence en détaillant ces sous-thèmes si nécessaire. Par exemple, depuis « fromages », je peux faire partir de nouvelles branches telles que « camembert », « chèvre », etc.

exemple mind map
Exemple de mind map : organisation d’un pique-nique

Un exemple d’utilisation de mind map : celui de Stanislas Mahieux

« J’utilise la technique du mind mapping pour organiser tous les aspects de ma vie. Toutes les deux semaines, je prends le temps de m’asseoir afin de déterminer mes objectifs pour les quinze jours à venir. Mon thème central est donc « Vie ». Mes branches principales, qui peuvent changer d’une fois à l’autre, sont par exemple « travail », « couple », « sport », « lectures », etc. J’y ajoute des éléments super fun qui me garantissent un sourire à chaque fois que je regarde ma map. En ce moment, c’est « Inde » qui représente un voyage que je ferai dans quelques mois et que je classe dans la catégorie « long terme », simplement pour le plaisir de le voir.

Je conserve ma mind map dans ma poche et la ressors dès que j’ai besoin de me souvenir d’où j’en suis dans mes objectifs. J’utilise un code de couleurs pour indiquer clairement les éléments qui ont déjà été faits, entre autres. C’est un excellent outil pour calmer les pics de stress lorsqu’on a trop de choses en tête : on regarde notre map, avec nos jolies couleurs, les dessins ou les mots qui nous parlent et on voit tout de suite l’état des choses.

Concrètement, construire ma mind map me prend 10 à 20 minutes. Ce sont des minutes super bien investies, durant lesquelles je prends beaucoup de plaisir, en plus ! »

Stanislas Mahieux

Pourquoi introduire le mind mapping dans sa vie d’auteur.e ?

Pour ceux/celles qui n’avaient jamais entendu parler de cette technique, elle peut avoir un aspect complexe et difficile à intégrer à son quotidien. Mais ça, c’est avant de prendre conscience de l’impact super positif qu’elle peut apporter dans notre organisation (de notre projet d’écriture ou non) et dans notre gestion du stress !

Voici quelques exemples de façons dont le mind mapping peut grandement nous aider au quotidien :

  • Calmer son esprit en y voyant plus clair : Prendre le temps de mettre le tourbillon de nos pensées sur papier de manière ludique, c’est s’offrir la possibilité de se détendre et de lâcher prise par rapport à nos obligations.
  • S’organiser, planifier : le mind mapping est un outil très efficace de gestion de nos tâches et de notre emploi du temps. Cependant, attention ! Il ne s’agit pas d’un agenda puisqu’on n’y ajoute pas de détails spécifiques. Il permet cependant de remplir notre agenda de manière plus efficace.
  • Mieux visualiser une situation pour l’appréhender plus justement : en décortiquant les différents éléments qui constituent une situation donnée (qu’elle soit difficile ou heureuse), on peut beaucoup plus facilement se faire une idée claire de l’attitude à adopter face à celle-ci.
  • Comprendre le fonctionnement d’un système ou d’une organisation : en détaillant les éléments dont on dispose sur le fonctionnement d’un système sous forme d’un schéma, on se permet de faire des liens que l’on ne voyait pas au départ.
  • Faire des liens ! en voyant sur une même feuille des éléments qui nous paraissaient séparés au départ, on peut prendre conscience de liens auxquels nous n’avions pas pensé.

Vous l’aurez compris, la liste est longue ! Les usages de la carte mentale sont sans limite, à vous de vous approprier l’outil selon vos envies, vos besoins et votre personnalité d’auteur.e.

S’organiser et structurer ses pensées en ayant du fun ? Oui !

Voilà le dernier point et non le moindre : en plus d’être extrêmement utile pour les auteur.e.s, cet outil est super fun ! Si vous pensiez que vous organiser était un fardeau, voyez les choses autrement : construire une mind map peut être un moment de détente comme on s’en accorde rarement. Prenez l’exemple de Stanislas qui l’utilise pour planifier tous les éléments de sa vie deux fois par mois. Durant ces 20 minutes, il s’autorise à se mettre dans sa bulle à lui. Il s’assied devant une feuille, feutres à la main. Chaque fois qu’il le peut et où il veut, il fait des dessins pour représenter des thèmes ou des idées. Il prend soin d’ajouter des éléments sympas pour se souvenir qu’il y a des événements heureux à venir.

Il se laisse aller à sa spontanéité et se fait rire tout seul en dessinant quelque chose qui lui rappellera pourquoi il a besoin de faire ceci ou cela. Il se fiche de savoir si c’est compréhensible pour autrui : sa mind map est personnelle, il fait donc en sorte qu’elle soit la plus claire possible pour lui-même. Les couleurs qu’il utilise stimulent sa mémoire et lui permettent de bien retenir des informations clé. Il se laisse aller à sa créativité en faisant de nouveaux liens, et s’autorise à voir son quotidien sous des angles nouveaux.

Alors, tenté d’essayer d’utiliser la technique du mind mapping ? Ne soyez pas surpris si les premières fois ne sont pas très fluides : c’est un exercice auquel il faut habituer notre cerveau. Ce n’est pas une façon de structurer les idées à laquelle nous sommes accoutumés et pourtant, notre cerveau la comprend bien mieux qu’un texte linéaire !

Cet article ne fait cependant pas une apologie aveugle du mind mapping : une carte mentale ne remplace pas un texte linéaire, et vice versa. Les deux se complètent parfaitement dans des outils séparés.

Et vous, comment pensez-vous utiliser le mind mapping dans votre quotidien ? Partagez vos idées en commentaires !


**Cet article a été rédigé en collaboration avec Leslie Merle, rédactrice Web SEO.**

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